Suis-je en conflit avec mon alimentation ?

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Alors que lorsque nous étions bébé, manger était tout ce qu’il y avait de plus naturel et instinctif, aujourd’hui nous sommes de plus en plus nombreux à ne plus arriver à nous alimenter de manière instinctive. Notre alimentation est alors devenue une source de souffrance et d’une pléiade d’émotions négatives telles que la culpabilité, la peur, la honte, la frustration … des émotions pénibles difficiles à gérer au quotidien, qui nous gâchent la vie et qui accentue encore plus notre conflit avec l’alimentation. « L’alimentation conflit » nous y avons tous été plus ou moins confronté ou nous y sommes peut être confronté au quotidien, aujourd’hui encore sans même nous en rendre compte

Quand l’alimentation devient une source de conflit intérieur

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Pourquoi l’alimentation est-elle devenue une source de conflit ?

Ce rapport à l’alimentation conflictuel, est sous-tendu par plusieurs phénomènes qu’il est important de pointer du doigt et de mettre en avant :

  • D’une part car c’est notre rapport à notre corps qui créé une bonne partie de cette souffrance et ce conflit à notre alimentation permanent. L’image du corps est mis en avant dans notre société actuelle et au delà ce l’image du corps c’est le culte de la minceur voire de l’extrême minceur qui est prônée dans les médias, la publicité, les réseaux sociaux. Dans cette société ou beauté est irrémédiablement associée à minceur avant même les notions de féminité et de bonté, bon nombre de femmes se retrouvent écraser par cette pression sociale et se mettent à détester leur corps qui ne correspond pas à cette image idéale créée de toute pièce et inatteignable pour la majorité d’entre nous ( nous pourrions nous poser la question du prix à payer pour celles qui y arrivent ?!). C’est donc l’image du corps, notre relation à notre propre corps, cette notion de « corps mal aimé » qui est un des principaux facteurs déclenchant nos propres conflits avec notre alimentation. Lors d’une consultation de psychonutrition, de nombreux outils (comme ceux proposés par la mindfulness par exemple), nous permettent de travailler sur cette image du corps, sur notre relation à notre corps, sur la stigmatisation corporelle et l‘acceptation corporelle, pour que cesse ce diktat qui clame que « la valeur intrinsèque d’un individu serait inversement proportionnel à son poids ».
  •  D’autre part, l’autre phénomène à l’origine de cette « alimentation conflit« , c’est la peur ! Cette méfiance que nous n’avions pas nourrisson, et qui est née suite à de nombreuses publications scientifiques se contredisant les unes les autres (un jour, le cholestérol est pointé du doigt comme étant le grand coupable des pathologies cardiovasculaires, puis le lendemain il se retrouve blanchi, lavé de tout soupçons !). Nous ne savons plus à quel saint nous vouer entre toutes ces personnes (dont je fais partie), scientifique, professionnels de santé, médias … Qui croire ? De cette méfiance et cette peur, ont émergé des « gurus » et des ayatollah de la nutrition, créant de véritables mouvements sectaires qui cultivent cette peur. L’orthorexie est une nouvelle pathologie de plus en plus fréquente qui est née de ces angoisses, elle correspond à la volonté d’avoir un contrôle absolu de son alimentation dans le but d’être en bonne santé. Nos consultations sont de plus en plus remplies de patients orthorexiques qui sont pieds et poids liés à leurs croyances et à leurs peurs, l’expression plus juste serait même coeur et esprit liés à leur croyance alimentaire. Effectuer un RESET complet de leur façon de penser et de concevoir leur alimentation et plus globalement leur santé, est un défi de taille à relever et un travail de longue haleine qui demande une prise en charge globale et nécessite une alliance thérapeutique solide afin que ce patient orthorexique se laisse guider vers une alimentation plus intuitive, souple et naturelle.  Gros challenge, que je relève de plus en plus régulièrement, d’où ce constat alarmant que notre alimentation aujourd’hui est sources de profondes angoisses, peurs et souffrance.
  • La méfiance a aussi été créé par les scandales de l’agro-alimentaire et la connaissance que l’on a aujourd’hui sur le pouvoir sans limite de ce lobby le plus puissant au monde. Méfiance justifiée qu’il faut savoir toutefois pondérée et contrôlée afin d’éviter tout discours dogmatique et attitude extrémiste quelle qu’elle soit.
  • Je terminerai par la Restriction Cognitive qui est une pathologie à part entière et qui découle des phénomènes cités plus hauts. Je ne rentrerai pas en détail sur ce sujet que je me ferai un plaisir de mettre à l’honneur dans un post dédié à la Restriction Cognitive et ses effets négatifs, mais sachez qu’aujourd’hui, le contrôle mental de notre alimentation dans le but de ne pas prendre de poids ou d’en perdre est quasi ubiquitaire. On se met au régime, on s’impose des règles strictes, puis on fini par perdre le contrôle, par essuyer un énième échec, reprendre du poids et affecter notre estime de soi. Manger n’est plus un plaisir naturel mais une source de culpabilité et de frustration.

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Comment pacifier son rapport à l’alimentation pour que l’alimentation ne soit plus une source de  conflit intérieur ?

Une chose est sûre c’est que les régimes ne sont pas une solution à un changement durable et définitif de notre comportement alimentaire. je ne vous le répèterai jamais assez souvent : les régimes quels qu’ils soient, sont tous (à quelques très rares exceptions près) voués à l’échec.

Quand à la chirurgie bariatrique qui fait des miracles dans des situations d’urgence vitale, on se rend compte aujourd’hui que sur le long terme, si une prise en charge globale n’a pas été réalisée, seulement 1 patient sur 10, maintient sa perte de poids, ce qui est un résultat clairement insuffisant à la vue des risques encourus et des problèmes de malabsorption qui en découlent. Attention, je ne dis pas que je suis contre la chirurgie bariatrique, elle me parait évidente et indispensable dans certains cas, mais une prise en charge plus globale doit être mise en place afin que les résultats soient maintenus sur la durée.

Aujourd’hui les TCC de 2ième et surtout de 3ième vague, proposent des outils et des approches qui permettent de pacifier notre rapport à notre alimentation en permettant à chaque individu de modifier durablement et de manière définitive son comportement alimentaire.

Je pense notamment à la Pleine Conscience (Mindfulness) qui permet de mettre fin à la lutte que l’on mène contre notre alimentation. La Pleine Conscience nous permet de nous réconcilier avec notre comportement alimentaire mais aussi avec notre corps. On retrouve alors le plaisir et la richesse de cet acte naturel et à l’origine simple, qu’est se nourrir. L’alimentation redevient une satisfaction profonde, un plaisir durable et non plus un combat permanent, une « alimentation conflit ». La Pleine Conscience mérite également au moins 1 post qui lui sera entièrement dédié prochainement.  Pour ceux qui n’en auraient jamais entendu parlé, il s’agit d’une attitude qui consiste à porte son attention, sa conscience, sur le moment présent, ici et maintenant, sans jugement, avec curiosité et bienveillance.

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Alors êtes-vous en conflit avec votre alimentation ?

C’est une des premières choses que l’on cherche à dépister lors d’une consultation de psychonutrition. Est-ce que votre alimentation vous pose problème ? Est-elle source de souffrance, d’angoisse, de peur, de frustration, de culpabilité, de honte ?

Un des premiers questionnaires que l’on fait réalisé et que je n’apprécie pas particulièrement est le questionnaire de SCOFF qui permet en quelques questions de dépister un trouble des conduites alimentaires ou en tout cas de mettre le doigt dessus afin d’aller l’explorer plus en détail par la suite.

J’aime beaucoup utiliser une échelle que l’on utilise en GMM (Gestion des Modes Mentaux) et qui a été adapté à la psychonutrition afin d’évaluer le stress généré par l’alimentation. J’ai détourné l’usage de cette échelle d’évaluation des modes mentaux, mais je trouve qu’il permet de faire un premier état des lieux et de voir l’évolution de la situation après plusieurs mois de prise en charge. Bien évidemment, je ne vais pas vous demander de faire ce questionnaire qui demanderait une interprétation et qui se réalise dans le cadre d’une consultation de psychonutrition, mais je vais vous proposer un ensemble d’énoncés qui m’ont été en partie inspiré par le Dr JAN CHOZEN BAYS (pédiatre américaine qui a développé la pleine conscience dans le cadre de l’alimentation) :

  • Je ne mange que lorsque j’ai faim (ou du moins la plus grande majorité du temps)
  • Je m’arrête de manger lorsque je n’ai plus faim
  • Je ne passe pas la majorité de mon temps à penser et à me questionner sur ce que je vais manger, ce que je dois manger, ce que je ne dois pas manger, ce qu’il faut manger, ce qu’il ne faut pas manger …
  • J’arrive à ne pas avoir faim, à ne pas ressentir le besoin de manger pendant plusieurs heures d’affilé
  • Mes journées sont entrecoupées par des périodes plus ou moins longues où je n’ai pas faim et des périodes définies où j’ai faim et ou je m’alimente pour satisfaire cette faim
  • Je ne suis pas de régime, je n’ai pas une alimentation restrictive, je ne m’impose pas de ne pas manger tel ou tel aliment parce qu’il est supposé faire grossir
  • Je ne suis pas orthorexique
  • Je n’ai pas de poids « fétichisé », ce n’est pas mon poids aux 100g près qui détermine mon humeur de la journée
  • Je ne suis pas addict à la balance, et je peux passer plusieurs semaines, plusieurs mois sans me peser
  • Mon poids est stable depuis des années, j’ai atteint un poids d’équilibre qui varie de quelques kilos en fonction de mon niveau d’activité physique.

Voici cette liste de 10 items que j’ai sélectionné et que je vous invite à passer en revue. Je rajouterai une dimension importante  » j’arrive à être heureuse et vivante en dehors des périodes où je mange ».

Si vous avez répondu NON à un ou  plusieurs des items ci-dessous, cela vaudrait peut être la peine de faire un point avec un professionnel de santé spécialisé en psychonutrition, sur votre rapport à votre alimentation et d’envisager une prise en charge afin de pacifier ce rapport afin d’arrêter d’être en lutte permanente avec votre alimentation. Le but étant de retrouver un rapport équilibré avec la nourriture, d’apprendre à se nourrir sur un mode plus intuitif que raisonné, de retirer du plaisir de l’acte alimentaire et que ce dernier ne soit plus sources d’émotions pénibles qui vous accablent jours après jour.

N’hésitez pas à me dire en commentaire, quel est votre score sur 10 à ce questionnaire, je pense que vous serez surpris des résultats, car nous sommes nombreux à être inconscient de cette lutte que nous menons contre notre alimentation.

à votre santé,

Micronutritionnellement votre, Anna POTTER

 

DISCLAIMER : Ce POST comme tous ceux que vous trouverez sur le blog, contient des informations en matière de micronutrition et de psychonutrition. Il ne se substitue en aucun cas à une consultation. Seuls des professionnels de santé formés à la micronutrition et à la psychonutrition, pourront au cours d’une consultation vous proposer une prise en charge personnalisée en tenant compte de votre état de santé. Ils pourront alors compléter ces informations et vous proposer une alimentation adaptée et une complémentation sur mesure.
Le Blog de la Micronutrition 2.0 et son propriétaire dégagent toute responsabilité concernant les conséquences qui découleraient d’une utilisation abusive ou non des informations qui sont contenues dans cet article.  Une auto-médication dans le domaine des micronutriments peut s’avérer dangereuse et toxique, demandez conseil à votre médecin ou à votre pharmacien formés à la Micronutrition. Afin de trouver un professionnel de santé spécialisé en Micronutrition, contactez  l’IEDM.

Anne Lucas

Docteur en Pharmacie, Expert en Micronutrition et en Psychonutrition DU Conseils en Nutrition Micronutrition (Université de DIJON), DU Nutraceutiques (Université de DIJON), DU psychologie et pédagogie des comportements alimentaires (2016-2017) DU Biomarqueurs Santé Nutrition (2016-2017) Membre de l'IEDM, du CMNC, de l'IESV Membre de l'association Bleu Blanc Coeur

Cet article a 3 commentaires

  1. Bonjour Anne !

    Je suis ravie de te retrouver sur ce blog passionnant, je te suis depuis tes débuts sur Youtube et je suis heureuse de voir que nos parcours se ressemblent beaucoup ! J’ai commencé à regarder des vidéos Youtube par passion pour la beauté, et progressivement j’ai remis en question tout mon regard sur le maquillage et ma collection qui n’avait pas tant de sens que ça.

    Aujourd’hui je suis en formation de naturopathie (après mes études de psychologue du travail), et j’aime énormément ce que tu nous partage. Je ne connaissais pas du tout la micro nutrition et je trouve que ce que tu dis se rapproche énormément de ce que nous apprenons et transmettons à nos clients en naturopathie. Je trouve ça génial que des professionnels de santé comme toi puissent dire au grand public que non, il n’y a pas une réponse unique à une carence en tel ou tel élément, qu’il faut en chercher la cause et ne pas se jeter sur le premier complément alimentaire venu, etc. Bien sûr ta formation est plus poussée que la nôtre dans le domaine médical, et tes connaissances sont bien plus approfondies, mais je suis ravie de voir que ton domaine se rapproche du nôtre, et pas seulement pour l’alimentation (mais également tout ce que tu appelle la psycho-nutrition, la peine conscience etc).

    J’ai réalisé ton questionnaire (et j’ai répondu non à deux questions !), et je me disais qu’il serait peut être plus pertinent d’inverser tes phrases. J’ai appris lors de mes études de psychologie à rédiger des questionnaires, et une des règles est d’éviter les doubles négations. « Je ne passe pas la majorité de mon temps… Non », c’est le genre de formulations qu’il vaut mieux éviter. Tu pourrais ainsi reformuler tes phrases, et comptabiliser le nombre de oui, qu’en penses tu ?

    En tout cas je te remercie de tout ton travail de vulgarisation et de diffusion de toutes tes connaissances sur Youtube et sur ton site, c’est une merveilleuse année qui commence !

    Je te souhaite une excellente journée,

    Amélie

    1. Anna POTTER

      Bonjour Amélie
      merci pour ce commentaire et ce partage d’expérience. Pour être tout à fait honnête avec vous, je suis toujours très méfiante vis à vis de la naturopathie car la formation est beaucoup trop variable, très peu codifiée, souvent non encadrée et se trouve ouverte à tout un chacun sans formation médicale et scientifique de base, ce que je trouve potentiellement dangereux. Je suis choquée d’apprendre que des personnes venant du milieu de la coiffure ou du droit par exemple, puisse en quelques WE par mois ouvrir une consultation. C’est d’ailleurs ce qui m’a poussé à me spécialiser en Micronutrition, le côté structuré encadré, reconnu par l’état, et validé scientifiquement.
      Bien entendu ça ne reste que mon avis et je suis persuadée que certains Naturopathes qui étaient à l’origine déjà des professionnels de santé avec des connaissances médicales et scientifiques solides, sont de bons thérapeutes.
      En tout cas c’est très intéressant cette double casquette que vous avez et je vous remercie pour vos remarques sur mon questionnaire que j’ai formulé de cette manière pour me différencier de ceux qui existaient déjà mais je comprends tout à fait votre point vu qui est extrêmement intéressant.
      Je vous souhaite une excellente continuation
      au plaisir de vous lire.

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