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Comment ne pas prendre de poids lorsque vous prenez la décision d’arrêter de fumer.

Une des meilleures décisions que vous pourriez prendre pour cette nouvelle rentrée et ce afin d’améliorer votre état de santé (dans l’hypothèse où vous seriez fumeur cela va de soit), serait d’arrêter de fumer. Le Tabac étant responsable de plus de 70 000 décès par an et responsable du cancer du poumon qui représente la plus grande mortalité en France.

Et une des raisons qui pourrait malheureusement vous freiner dans cette volonté d’arrêter de fumer, est la prise de poids. Vous êtes en effet nombreux et surtout nombreuses à craindre une prise de poids et à renoncer à ce sevrage tabagique qui vous serait pourtant tellement bénéfique, de peur de prendre quelques voire beaucoup de kilos!

Je ne vais pas vous mentir, les études mettent en avant une prise de poids moyen de 2 à 4kg en fonction du sexe (prise de poids plus importante chez la femme) lors de l’arrêt du tabac. Cette prise de poids pouvant dépasser les 10kg chez certains patients qui cumulent certains critères de risque ( pas ou peu d’activité physique, restriction alimentaire excessive …).

Vous allez me dire que ça ne va pas vous rassurer certes mais avant de vous donner les conseils afin d’éviter cette prise de poids qui n’est pas inévitable, je tenais à vous expliquer le pourquoi du comment de cette prise de poids. Et oui parce que sur le blog de la micronutrition 2.0, je suis quand même là pour parler biologie !

tabacPourquoi prend-t-on du poids quand on arrête de fumer et surtout pourquoi arrive -t-on à ne pas en prendre lorsque l’on fume ? Quels sont les mécanismes biologiques mis en jeu ?

Lorsque vous fumez, vous contrôlez votre poids ou perdez du poids car :

Le Tabac et plus particulièrement la nicotine a plusieurs actions qui vont permettre la perte de poids ou son contrôle :

  • la nicotine a un effet anorexigène, il diminue donc l’appétit, vous allez donc naturellement (sans même peut-être vous en rendre compte) diminuer la quantité d’aliments que vous allez manger, vos portions seront plus petites et vos apports caloriques totaux plus bas.
  • la nicotine permet également d’augmenter votre dépense énergétique de repos, vous brûlez donc plus de calories sans même bouger plus. Cette propriété cumulée à la précédente va avantager votre balance énergétique totale qui deviendra donc négative (entrées inférieures aux sorties) et vous perdrez donc du poids (ou en tout cas n’en prendrez pas)
  • la nicotine a la capacité d’activer le système nerveux sympathique :
    • en aiguë, elle va stimuler la synthèse des catécholamines
      • il va y avoir une décharge d’adrénaline et de noradrénaline qui vont entraîner par une cascade d’effets biochimiques (augmentation de la glycogénolyse et de la lipolyse), un effet anorexigène avec utilisation de nos réserves en glucides et une diminution des réserves en lipides.
    • en chronique, elle va stimuler la synthèse de cortisol, on aura donc une cortisolémie élevée avec un état de stress chronique, qui aura pour conséquence une répartition des graisses au niveau abdominal entrainant une insulinorésistance et donc augmentant le risque cardiovasculaire. Vous en conviendrez cette propriété de la nicotine est beaucoup moins intéressante voire même plus que très embêtante !

On retrouve également dans la fumée du tabac des IMAO (Inhibiteur des Mono Amine Oxydase) qui vont inhiber l’action d’enzymes appelées MAO (Mono Amine Oxydase) responsables du catabolisme de certains neuromédiateurs. On aura donc une moindre dégradation de la sérotonine notamment et donc des taux de sérotonine plus élevés. Ce qui est fort intéressant car la sérotonine est un neuromédiateur qui permet la gestion des comportements alimentaires et notamment pour les aliments sucrés. Vous aurez donc naturellement moins envie de manger des aliments sucrés et de grignoter.

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Lorsque vous arrêtez de fumer vous prenez du poids car :

Quand vous arrêtez de fumer, vous n’apportez plus de nicotine à votre organisme (ce qui est une excellente chose, j’insiste vraiment !). La nicotine ne peut donc plus avoir les effets biologiques que je vous ai cité plus haut, vous aurez donc une augmentation de vos apports alimentaires (car plus d’effet anorexigène), votre cerveau synthétisera moins de catécholamines et donc on aura toute une cascade réactionnelle inverse entrainant une augmentation de la lipogenèse (synthèse des lipides donc du gras).

Enfin et surtout, lorsque vous arrêtez de fumer, vous avez une chute de votre synthèse de sérotonine et ce déficit entrainera une dérégulation de votre comportement alimentaire et notamment votre rapport aux aliments sucrés. Votre corps cherche à compenser naturellement cette baisse de sérotonine, en vous orientant vers la consommation d’aliments sucrés ! C’est en effet un des signes fonctionnels d’appel d’un déficit en sérotonine : les compulsions sucrées !

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Alors comment échapper à cette prise de poids lorsque l’on décide d’arrêter de fumer ?

Si vous avez tout suivi jusqu’ici, il faudra dans un premier temps évaluer votre statut en sérotonine. Pour cela, il existe des questionnaires réalisés par l’IEDM qui nous permettent d’évaluer votre capacité de synthèse de sérotonine et de mettre en évidence un éventuel déficit. Nous utilisons pour se faire les questionnaires QMS et DNS. Le professionnel de santé spécialisé en Micronutrition que vous aurez sollicité dans le cadre d’une consultation de sevrage tabagique, vous les fera réaliser afin d’envisager la stratégie nutritionnelle et micronutritionnelle à mettre en place afin de potentialiser votre synthèse de sérotonine. Tout l’enjeu de l’arrêt du tabac, se retrouve donc ici, il vous permettra de vous tenir à votre bonne que dis-je, excellente résolution en évitant la prise de poids et une augmentation de stress.

Votre micronutritionniste mettra donc en place une stratégie nutritionnelle et une complémentation afin de prendre en charge ce déficit en sérotonine et d’optimiser son dosage. Car toute baisse de synthèse de sérotonine va entraîner un comportement alimentaire inadapté et des compulsions alimentaires sucrées qui en fonction de la sévérité de votre score sérotonine, pourront être irrépressibles. Ses compulsions s’accompagneront d’une irritabilité excessive, d’une humeur fluctuante voire basse et éventuellement d’une agressivité exacerbée tout un programme !

Pour cela, il faudra s’assurer d’apporter un acide aminé précurseur de la synthèse de sérotonine qui est le tryptophane. Cet acide aminé se retrouve dans l’alimentation et il fait partie des acides aminés essentiels. Néanmoins de nombreux critères sont à respecter afin de s’assurer d’une bonne assimilation du tryptophane  (le rapport TRP sur AAN par exemple) et de nombreux mécanismes peuvent freiner cette assimilation (comme par exemple un déficit en vitamine B3, une constipation, une candidose, un stress oxydatif ou encore une inflammation de bas grade). De nombreux facteurs sont donc à prendre en compte et il ne s’agit pas uniquement de se complémenter en tryptophane, vous risqueriez d’être pour le coup déçu de son efficacité.

Votre professionnel de santé spécialisé en micronutrition pourra au cours d’une consultation de Micronutrition, déterminer la stratégie la plus adaptée et prendre en charge les éventuels mécanismes biologiques qui entravent votre synthèse de sérotonine.  Je vous parlerai d’ailleurs dans un prochain post plus en détail de la sérotonine.

Pour mettre toutes les chances de votre côté afin d’arrêter de fumer et ce sans prendre 10kg et avoir envie de tuer votre voisin/collègue/mari, assurez-vous d’avoir une sérotonine au top !

à votre santé,

Micronutritionnellement votre, Anna Potter

 

DISCLAIMER :

Ce Billet comme tous ceux que vous trouverez sur le blog, contient des informations en matière de micronutrition et de nutrition santé. Il ne se substitue en aucun cas à une consultation. Seuls des médecins et des pharmaciens formés à la Micronutrition pourront au cours d’une consultation vous proposer une prise en charge personnalisée en tenant compte de votre état de santé. Ils pourront alors compléter ces informations et vous proposer une alimentation adaptée et une complémentation sur mesure.
Le Blog de la Micronutrition 2.0 et son propriétaire dégagent toute responsabilité concernant les conséquences qui découleraient d’une utilisation abusive ou non des informations qui sont contenues dans cet article.  Une auto-médication dans le domaine des micronutriments peut s’avérer dangereuse et toxique, demandez conseil à votre médecin ou à votre pharmacien formés à la Micronutrition. Afin de trouver un professionnel de santé spécialisé en Micronutrition, contactez  l’IEDM.

Anne Lucas

Docteur en Pharmacie, Expert en Micronutrition et en Psychonutrition DU Conseils en Nutrition Micronutrition (Université de DIJON), DU Nutraceutiques (Université de DIJON), DU psychologie et pédagogie des comportements alimentaires (2016-2017) DU Biomarqueurs Santé Nutrition (2016-2017) Membre de l'IEDM, du CMNC, de l'IESV Membre de l'association Bleu Blanc Coeur

Cet article a 4 commentaires

  1. Hypno180

    Merci pour cet article très intéressant et votre approche sur le sujet. J’apprends des choses importantes grâce à vous et je vous en remercie. Au plaisir

    1. Anna POTTER

      Ravie de pouvoir vous apporter certaines connaissances dans le domaine de la Micronutrition.
      Au plaisir de vous lire.

  2. Juliette

    Merci pour ton article. Je suis en Licence de Biologie et c’est super chouette de voir mes cours mis bout à bout pour comprendre comment réagi le corps ! Merveilleuse machine ce corps humain. Merci Anna

    1. Anna POTTER

      Bonjour Juliette, je pense que tu m’as envoyé un mail auquel je n’arrive pas à répondre. Je vais tenter une seconde fois si jamais tu ne le reçois pas, tu peux m’envoyer un mail à annapotterconsultation@yahoo.com
      a bientôt

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