Peur du rejet social et Estime de soi : vais-je finir ma vie seul(e) ?

Comme l’aime à le rappeler le Dr Christophe André, l’homme est un animal social dont la plus grande inquiétude est de se retrouver seul, de devoir affronter un rejet social qu’il ne serait supporter.

 

 

Dans cet article nous allons donc parler de rejet social, si le sujet vous intéresse je vous invite à découvrir les différents ouvrages de Christophe André sur ce thème

  • Imparfaits, libres et heureux, pratiques de l’estime de soi 
  • L’estime de soi, s’aimer pour mieux vivre avec les autres 

 

 

  • Rejet social et Estime de soi

L’estime de soi dépend grandement de cette notion de rejet social, qui revêt mille et une craintes comme celle d’être mis à l’écart, d’être ridiculisé, d’être méprisé, de  ne pas être aimé.

Dans une de ses conférences et dans plusieurs de ses ouvrages où il parle de l’estime de soi, le Dr Christophe André nous fait part d’une expérience qui a mis en évidence l’effet d’un rejet social aussi minime soit-il sur l’estime de soi. Dans cette expérience, nous faisons croire au sujet qu’il passe des tests afin de voir avec quel autre membre du groupe il pourrait travailler en binôme. Les tests étant bien évidemment truqué, on lui annonce que malheureusement, personne n’a souhaité se mettre en binôme avec lui, c’est donc une expérience de rejet social et bien que cela se passe avec des personnes qu’il ne connait pas, qu’il ne reverra sans doute jamais, que cela n’engage pas sa vie personnelle et professionnel, on remarque que systématiquement suite à cette annonce douloureuse, le sujet teste lorsqu’on l’invite à aller patienter dans une salle où se trouve uniquement 2 chaises, l’une tournée vers un mur blanc et l’autre face à un miroir, celui-ci choisi toujours de s’asseoir face au mur blanc, ne supportant plus sa propre image suite à ce rejet social. La conclusion de cette étude soutenue par d’autres, est que le rejet social impact grandement sur l’estime de soi et ce négativement, on ne saurait supporter son image alors même que les autres nous rejettent, on fuit son reflet dans les miroirs, on évite les photos … Nous subissons ce rejet social d’une part qui est une expérience d’ors et déjà douloureuse et d’autre part nous nous infligeons une seconde peine, celle du désamour pour notre propre personne, comme si nous étions coupable de ce rejet … alors au lieu de nous consoler, nous nous abandonnons une seconde fois.

  • L’expérience douloureuse du rejet social

Etre rejeté du reste du groupe est une expérience extrêmement douloureuse. A différentes échelles, nous pouvons vivre un rejet social, celui-ci pouvant être mineur comme lors d’une rupture amoureuse, parfois malheureusement traumatisant lorsqu’il s’agit d’une humiliation publique. Il faut également être extrêmement vigilant quand au rejet social que pourraient subir nos enfants et/ou adolescent dans leur milieu scolaire, les moqueries pouvant aller jusqu’à la persécution, doivent être stoppées le plus rapidement possible afin d’éviter leur effet oh combien délétère sur l’estime de soi de leurs victimes.

Une autre forme de rejet plus discrète et pourtant tout aussi délétère se retrouve notamment dans le racisme. En effet, une personne subissant ces micro-rejets de manière répétée et quasi quotidienne (dans les transports en commun par exemple) va s’hypersensibiliser au rejet social, elle en deviendra ultra méfiante, sur la défensive et parfois repèrera des signaux ne lui étant même pas destinés. Le racisme est un rejet social particulièrement douloureux car il s’agit ici d’un rejet de ce que l’on EST et pas de ce que l’on a pu FAIRE. Ce qui est profondément révoltant.

 

  • Que nous fait faire le rejet social ?

Lorsque l’on subit un rejet social quel qu’il soit nous avons donc tendance à nous infliger une double peine et à ne pas adopter les comportements adaptés.

On retrouve donc fréquemment chez les sujets ayant subi ce rejet social, de l‘agressivité envers les autres, un moyen de ne pas se faire approché et ce dans le but de ne pas se faire rejeté.

L’isolement est également très régulièrement retrouvé chez les sujets ayant subi un rejet social. Le repli sur soi devient instinctif alors qu’il aggrave cette situation de rejet. Il est donc primordial de se ré-engager dans un lien social afin de ne pas rester seul, c’est sans doute une des  choses les plus importantes à faire : aller vers les autres !

Le rejet social a un impact collatéral important sur nos relations avec nos proches, alors même que celles-ci pourraient nous soutenir et nous apporter du réconfort, nous nous en désengageons et les abîmons sous le coup de nos ressentis douloureux et émotions pénibles.

Un fait étonnant qui a été démontré par différentes études, est que le rejet social diminue notre intelligence ! Il n’a donc pas qu’un impact émotionnel mais également un impact sur nos capacités intellectuelles. Evitons donc de prendre des décisions importantes sous le coup d’un rejet social.

Dans les cas les plus graves, le rejet social, peut entrainer :

  • des comportements d’automutilation, d’autodestruction,
  • des comportements addictifs, comme la boulimie par exemple qui est typiquement un comportement pour se nuire à soi même, pouvant être entrainé par un rejet social que celui-ci soit avéré ou simplement supposé
  • des comportements de perte de contrôle et d’une incapacité à faire des efforts : une expérience réalisée sur une quantité de gâteaux mangée après un rejet social met bien en évidence cette perte d’auto-contrôle avec une consommation doublée chez les sujets ayant subi un rejet social. Une autre expérience réalisée sur des enfants devenus adultes, consistant en leur proposant 1 seul gâteau sur le moment même ou 3 dans 5 minutes, montrent que leur capacité d’auto-contrôle était un bon facteur prédictif de leur capacité ultérieure à supporter le rejet social.
  • des comportements suicidaires

 

 

  • Que devrait-on faire pour ne pas sombrer suite au rejet social ? 

Le rejet social entrainant un repli sur soi, une altération de nos liens aux autres et une perte de nos capacités d’auto-contrôle et d’engagement, il va être primordial de mettre en place différents types de comportements dans les plus brefs délais suivant le rejet social :

  • se forcer à se confronter à son image dans un miroir (bien qu’on cherche à la fuir naturellement) et prendre conscience de nos valeurs, de la personne que nous sommes
  • se reconnecter aux autres et cultiver nos liens sociaux
  • s’engager dans des tâches tout aussi dérisoires qu’elles puissent nous paraître face à la douleur que l’on ressent.
  • ne pas se laisser embarquer dans des comportements d’évitement tels que l’alcool, le travail, le sommeil, le sport
  • se créer un réseau social le plus vaste et le plus varié possible 
    • ici on ne cultive pas le dicton  » privilégier la qualité à la quantité » au contraire, celui-ci nous expose à une bien plus grande douleur et déception si le rejet social provient d’une personne en qui on avait totalement confiance.
    • Il est donc intéressant de fréquenter des gens même si ils ne nous paraissent pas parfaits, ce qui nous permet également de travailler sur notre acceptation des autres mêmes imparfaits.
    • Cela ne signifie pas qu’il ne faille pas chercher à développer des relations intimes avec de très bons amis, mais l’un n’exclue pas l’autre, et cette stratégie de diversification des degrés d’intimité dans nos relations sociales est extrêmement efficace au rejet social.

 

  • Et lorsque la peur du rejet social devient une obsession ?

Nous sommes une espèce sociale et cette appartenance au groupe a assuré notre survie car comme le dit le Dr Christophe André, nous sommes une espèce « minable » qui sans cet effet de groupe n’aurait pas survécu longtemps. Etre rejeté du groupe c’est donc être condamné à mort, il apparaît alors logique que la peur du rejet social soit inhérente à l’espèce humaine. Nous avons ce besoin fondamental de nous lier aux autres, d’avoir ce sentiment d’appartenance et d’acceptation.

Ce qui peut poser problème c’est que cette peur devienne obsédante, que l’on devienne hypersensible à ce rejet social et que notre système de détection se mette à dysfonctionner et à détecter du rejet là où il n’y en a pas. On adopte alors des comportements proche de la paranoïa, ils sont alors le reflet d’un trouble plus profond et sous-jacent de l’estime de soi.

Alors que faire lorsque notre détecteur du rejet social est hyper-réactif ? Une chose capitale est de prendre conscience de l’hyper-emballement de notre système de détection du rejet social :

  • Dans un premier temps, prenons garde à l’interprétation que l’on pourrait faire des attitudes de notre interlocuteur. « Il ne m’a pas dit bonjour alors qu’il l’a dit au reste du groupe, c’est qu’il doit m’en vouloir de quelque chose que j’aurai pu faire ou dire ». Les interprétations que nous réalisons sont rarement justes, d’autant plus lorsque nous sommes devenus hypersensibles au rejet social. Il est donc indispensable de s’abstenir d’interpréter et de ne pas nous laissons nous convaincre par notre propre raisonnement émotionnel. Nos pensées sont souvent dysfonctionnelles et toxiques, tentons de nous en éloigner et de ne pas nous laisser hameçonner par ses dernières.
  • Dans un second temps, arrêtons de penser que tous les projecteurs sont rivés sur nous car ce n’est pas le cas, un nombre certains d’expérience mettent en avant ce phénomène appelé « spotlight » qui consiste en une surévaluation de notre « remarquabilité » au lieu des autres. Finalement les autres pensent tout autant à eux-même que nous le faisons !
  • Ensuite, il a aussi été mis en avant, que nous nous jugeons toujours beaucoup plus sévèrement que ce que ferait autrui sur notre propre personne pour la même action réalisée. Il est donc important de faire preuve de bienveillance envers soi-même d’une part et de se rappeler que nous avons cette tendance naturelle à surévaluer les jugements des autres sur nous même. Alors lorsque l’on se trouve dans une situation à risque de déclencher notre détecteur, au lieu de s’en inquiéter, profitons du moment présent et acceptons-nous telle que nous sommes !
  • S’accepter tel que l’on est, est une étape importante, il faudra par ailleurs également accepter d’être jugé par autrui, ne pas se focaliser sur ces jugements pour ne pas y perdre notre énergie qui nous sera bien utile pour entrer en contact avec d’autres personnes plus acceptantes peut-être !
  • C’est donc le dernier comportement à mettre en place : adopter ce que l’on appelle des comportements pro-sociaux, aller vers les autres, faire le premier pas, ne pas rester attentiste par peur du rejet de l’autre, car plus douloureux qu’un éventuel rejet ponctuel, sont les regrets de ne pas avoir agit sur le long terme.
  • Des exercices ont été créé afin de ne pas se laisser envahir par notre détecteur trop sensible du rejet social : comme par exemple demande son chemin dans la rue à un inconnu ou encore faire mine de ne pas comprendre les explications d’un vendeur en lui demandant de ré-expliquer. D’autres exercices d’exposition au ridicule seront envisagés par la suite comme aller se promener sur la place de son village avec un accessoire voyant et improbable.

Le rejet social est au coeur de l’estime de soi et se trouve être un facteur pouvant entrainer de nombreux troubles comme notamment les troubles du comportement alimentaire type boulimie et les comportements additifs (alcool, drogue). Il est important de les dépister et de les prendre en charge afin qu’ils n’entrainent pas de troubles de l’estime de soi.

Avez-vous déjà subi un rejet social ? Comment y avez-vous réagi ? Avez-vous l’impression d’être hypersensible au rejet social ?

à votre santé, Anna Potter

 

Anne Lucas

Docteur en Pharmacie, Expert en Micronutrition et en Psychonutrition DU Conseils en Nutrition Micronutrition (Université de DIJON), DU Nutraceutiques (Université de DIJON), DU psychologie et pédagogie des comportements alimentaires (2016-2017) DU Biomarqueurs Santé Nutrition (2016-2017) Membre de l'IEDM, du CMNC, de l'IESV Membre de l'association Bleu Blanc Coeur

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