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La CONSOMMATION de VIANDES ROUGES et de CHARCUTERIES augmente -t-elle les CANCERS ?

Avant de commencer, un PODCAST est disponible pour ceux qui préfèreraient une version audio à écouter à n’importe quel moment de la journée plutôt que cette version écrite. Vous n’avez qu’à cliquer juste au-dessus sur le bouton play (quelques secondes de latence avant le début de l’enregistrement !) ou en cliquant ici.

 

Voilà un sujet d’actualité qui fait beaucoup parler de lui et fait polémique ! Suite à un rapport de l’OMS  (octobre 2015) traitant du lien entre la consommation de viandes rouges et de viandes transformées (charcuteries) et l’augmentation des cancers chez l’homme, nous avons eu droit à une émission grand public à la télévision (pour ceux que ça intéresserait, il s’agit de l’émission Cash Investigation) que je n’ai pour ma part, je le reconnais pas regarder (je déteste en effet ce genre d’émission qui véhiculent des idées +/- validées scientifiquement et qui cherchent à faire le buzz par tous les moyens en utilisant un marketing de la peur, malheureusement toujours très efficace ! ).

J’ai toutefois tenu à vous faire part des témoignages des plus grands experts mondiaux de ce domaine, car malheureusement je n’en suis pas une, mais j’ai le privilège, en tant que membre du collège des professionnels de santé de l’association Bleu Blanc Coeur, d’avoir accès à toutes les informations scientifiques, aux publications, et aux réflexions de ces experts. Je souhaite donc vous partager les résultats de leurs travaux et de leur lecture objective concernant ce fameux rapport de l’OMS, afin que la viande et la charcuterie ne soient pas injustement stigmatisées et qu’on n’arrive pas à vous convaincre de remplacer votre steak de boeuf par un steak de soja par des procédés utilisant le marketing de la peur ! Il est en effet primordial de ne pas tirer de conclusions hâtives et de mener sa réflexion jusqu’au coeur de la cellule !

Commençons par une notion capitale qui n’est malheureusement aujourd’hui pas encore assez mise en avant . Les méthodes de surproduction afin d’assouvir une consommation de masse, ont entraîné des dérives lourdes de conséquence sur la qualité nutritionnelle de nos aliments et donc sur notre santé. Il est capital aujourd’hui de modifier nos façons de produire et de consommer afin d’améliorer notre état de santé, le lien entre ce dernier et notre alimentation n’étant plus à démontrer.  A ce titre, a été mis en place le fameux PNNS (il existe un site grand public et un site professionnel) dont vous avez sans doute déjà entendu parler. Il a également été mis en place (et pour le coup je pense que peu d’entre vous le savent), un équivalent au PNNS pour les animaux. Ce PNNS des animaux a été créé par le groupe fondateur de Bleu-Blanc-CoeurIl met en évidence l’impact de la nutrition des animaux sur la santé de l’homme. Nos animaux doivent donc bien manger pour qu’une fois dans nos assiettes, ils n’aient pas d’effets négatifs sur notre propre santé. Voilà donc un lien capital et une triade importante composée par : notre santé, la santé des animaux et la santé de nos sols.

Bleu-Blanc-Coeur assure donc une alimentation variée et équilibrée des animaux d’élevage afin qu’ils puissent fournir des produits alimentaires de meilleure qualité nutritionnelle à l’homme, avec un point d’honneur à apporter suffisamment d’omégas 3, mais aussi des vitamines, des polyphénols … Cette association s’appuie sur une assise scientifique solide (plus de 300 publications scientifiques et 5 études cliniques) et des cahiers des charges validés par des organismes de contrôles indépendants.

charcuterie et cancer

Pourquoi et comment la consommation (plutôt surconsommation, précisons-le dès maintenant) de viandes rouges et de charcuteries, pourraient être en cause dans l’apparition des cancers colorectaux ?

3 facteurs ont été révélés par l’INRA de Toulouse et notamment par le Dr Fabrice Pierre:

  •  2 familles de composés ont un rôle mineur :
    • les amines aromatiques hétérocycles = AAH, produits lors de la cuisson à haute température, au barbecue notamment (lorsque vous faites trop griller vos viandes et que se créé un dépôt noir)
    • les sels N-Nitrosés = NOCs, qu’on retrouve dans les additifs des charcuteries
  • le grand coupable qui se trouve au coeur de la cellule mais aussi du problème, considéré comme un allié cher car indispensable à la vie (respiration cellulaire) : le Fer héminique présent dans la myoglobine et l’hémoglobine. En effet, il induit la formation de composés cytotoxiques et génotoxiques pour les cellules épithéliales coliques, ce sont des alcénals (issus de la péroxydation des acides gras polyinsaturés)Ces alcénals induisent une sélection des cellules prénéoplasiques au détriment des cellules normales qui vont rentrer en apoptose et favorisent donc la promotion de la carcinogenèse.

charcuterie

Maintenant que l’on connait l’agent responsable de la carcinogenèse et son mécanisme d’action, il est possible de limiter son action en mettant en place une prévention nutritionnelle :

  • l’ajout de calcium va permettre de chélater le fer héminique  (pour faire simple, il inactive le fer) et donc de limiter son effet promoteur de la péroxydation des lipides.
  • il en va de même pour les antioxydants qui vont limiter la péroxydation et protéger les cellules épithéliales de l’attaque des radicaux libres .

Nous en concluons donc que pour limiter les effets du fer héminique contenu dans la viande rouge, il suffit d’améliorer le statut en antioxydants de chaque individu en lui proposant de consommer des fruits et des légumes (riches en antioxydants) ainsi que des produits laitiers riches en calcium. Une consommation raisonnée de viande rouge réalisée dans le cadre d’une alimentation riche en légumes, fruits et produits laitiers n’aura donc pas d’effet négatif sur notre santé.

L’autre méthode, consiste à modifier la fabrication des produits carnés et de les enrichir en antioxydants, notamment en vitamine E. Il faut attacher une importance particulière à la qualité de l’alimentation des animaux d’élevage en leur assurant une diversité alimentaire associant herbes mais aussi lin, blé, orge … et non pas uniquement basée sur le soja et le maïs ! Toutes les viandes ne se valent donc pas et leur qualité dépend de l’alimentation apportée aux animaux d’élevage.

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Le fer héminique est-il le seul responsable et promoteur de la carcinogenèse ? Quand est-il de l’inflammation et du stress oxydatif ? 

Mais le fer héminique n’est pas le seul coupable ou du moins il ne faut pas oublier de tenir compte du contexte, c’est à dire de l’état inflammatoire et du stress oxydatif qui jouent un rôle clé dans la cancérogenèse . D’où l’importance capitale de contrôler et prendre en charge l‘inflammation de bas grade en s’assurant du bon équilibre de la balance omégas 6/omégas 3 (en augmentant les apports en omégas 3 et ce dès l’auge des animaux d’élevage), en augmentant l’apport en fibres et en diminuant l’apport en sucres rapides. Il faut également veiller à contrôler le stress oxydant en apportant suffisamment d’antioxydants aussi bien hydrosolubles (polyphénols) que liposolubles (vitamine E) car le stress oxydatif est un puissant inducteur de l’inflammation.

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POUR CONCLURE SUR CE RAPPORT DE L’OMS

  • Revenons sur les faits, le fameux rapport de l’OMS qui a fait l’objet de l’émission TV, a mis en évidence un risque d’augmentation pour une population (faible mais scientifiquement établi) et non pas un danger pour un individu d’apparition du cancer colorectal. Ce risque d’augmentation étant de 18% par tranche d’augmentation de 50g de charcuterie par jour et de 17% par tranche d’augmentation de 100g de viande rouge par jour. Je tiens toutefois à vous préciser que depuis plus de 30 ans, la consommation de viandes diminue en France alors que l’incidence du cancer colorectal elle n’a pas changé. Si je m’arrêtais là, vous me diriez « ben alors ils ont donc bien raison, manger de la viande rouge et de la charcuterie donne le cancer ». Mais vous vous doutez bien que nous n’allons pas nous arrêter en si bon chemin et que nous allons mener notre réflexion jusqu’au coeur de la cellule.
  • A titre comparatif, pour que vous puissiez avoir un ordre d’idée, le tabac (à partir de 10 cigarettes par jour) augment lui de 250% le risque de cancer du poumon chez les fumeurs, on parle ici donc bien de réel danger et non plus de risque. Les sodas pour ne pas en citer un en particulier, augmentent le risque de diabète de 20% si l’on en consomme une canette par jour soit 330mL. Comparativement, au niveau de l’individu, l’augmentation du risque d’être diagnostiqué positivement pour un cancer colorectal, est insignifiante (on passe de 3,5% à environ 4%).
  • Selon le Professeur Stefaan De Smet, chercheur à l’Université de GENT en Belgique, il est important et indispensable de mettre dans la balance les bénéfices de la consommation de viande (vitamines du groupe B, notamment B12, Acides Aminés essentiels, acides gras essentiels, vitD, Fer, Co-enzyme Q10…), leur rôle positif dans les régimes et ne pas uniquement tenir compte des résultats d’études visant à établir les risques nutritionnels liés à la consommation de viandes. Enfin il faut insister sur les effets négatifs de la surconsommation de viandes et non pas d’une consommation de viandes rouges et de charcuteries raisonnée. Les pistes de prévention évoquée par le Professeur Stefaan De Smet sont :
    • apporter une attention particulière à la cuisson de la viande, sans la griller afin d’éviter la production de certains composés toxiques. Préparer des marinades riches en antioxydants, utiliser des modes de cuisson doux.
    • avoir des apports en calcium et en vitamine E qui vont diminuer le risque lié au fer hématique (formation de composés délétères issus de la péroxydation).
    • avoir une alimentation riche en antioxydants donc composée de légumes et de fruits, afin d’améliorer le statut antioxydant de chaque individu.
  • Pour le Dr Jean-Michel LECERF, chef de service de nutrition de l’Institut Pasteur de Lille, l’homme est omnivore et la viande fait partie de son alimentation.
    • Il insiste sur le fait que c’est bien la surconsommation de viandes rouges qui est associée à un risque accru mais toutefois très modéré de cancer colorectal et non par une consommation raisonnée de viande rouge.
    • Il ajoute que de nombreux facteurs vont atténuer le rôle du fer héminique dans la carcinogenèse comme les sources de polyphénos, de vitamine E, les produits laitiers riches en calcium, les modes de préparation des viandes (marinades et cuissons douces).
    • Il recommande donc de limiter la consommation de viande rouge (boeuf, porc, veau, cheval, agneau, mouton) à moins de 100g cuite par jour et de varier les viandes en privilégiant les viandes blanches ( volailles et lapin).

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Alors évitons de stigmatiser à tord la viande, pour ceux qui ne veulent pas en consommer pour des raisons éthiques et/ou économiques, c’est un choix qui est tout à fait compréhensible mais pour ceux qui pointent la viande du doigt comme étant néfaste pour la santé, il s’agit là de conclusions trop hâtives.

Oui il y a du fer dans la viande rouge qui est responsable des mécanismes de péroxydation mais qui est aussi indispensable à la vie, alors menons une réflexion jusqu’au coeur de la cellule, enrichissons notre alimentation en antioxydants et en calcium afin de limiter l’action du fer héminique, consommons des omégas 3 afin de contrôler l’inflammation et continuons à consommer de la viande de manière raisonnée!

Faire preuve de bon sens, trouver un équilibre et ne pas pratiquer d’éviction qui pourrait provoquer anémies auxquelles sont confrontées les végétariens et encore plus les végétaliens qui doivent donc se supplémenter médicalement.

Prônons une alimentation équilibrée, omnivore, une consommation raisonnable de viande rouge et bannissons tout excès qu’il s’agisse de surconsommation de viande rouge ou de son éviction. C’est en effet la variété de notre assiette qui assure notre équilibre, les effets potentiellement et partiellement délétères de certains aliments étant compensés par d’autres.

Je reprendrai les mots du Professeur Philippe Legrand, directeur de recherches à l’INRA, « renvoyons dos à dos le réflexe végétarien/végétalien » et le comportement hyper-carnassier, pour cause commune d’inculture nutritionnelle et de prise de risque dans les 2 cas, il n’y as pas de mauvais aliments, il n’y a que de sottes consommations« .

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Je vous invite également à lire l’article de Fabrice PIERRE, chercheur à l’INRA, expert du thème viande et cancer à l’OMS.

viandes et cancers Fabrice Pierre

 

à votre Santé

Micronutritionnellement vôtre, Anna POTTER

Anne Lucas

Docteur en Pharmacie, Expert en Micronutrition et en Psychonutrition DU Conseils en Nutrition Micronutrition (Université de DIJON), DU Nutraceutiques (Université de DIJON), DU psychologie et pédagogie des comportements alimentaires (2016-2017) DU Biomarqueurs Santé Nutrition (2016-2017) Membre de l'IEDM, du CMNC, de l'IESV Membre de l'association Bleu Blanc Coeur

Cet article a 6 commentaires

  1. Claire

    Merci Anne pour cet article des plus intéressants

    1. Anna POTTER

      Merci à toi d’avoir pris le temps de le commenter. à bientôt.

  2. Hanane

    Bonjour Miss,
    Merci pour cer article très instructif.
    Je suis une consommatrice modérée de viande rouge.
    Je n’en consomme qu’une à deux fois par semaine car cela n’a jamais été une de mes sources de protéines animales préférées. Je préfère largement la viande blanche et les produits de la mer.
    Par ailleurs, ayant régulièrement des carences en fer. Si je vois que je suis en chute de tonus et d’énergie j’en consomme un peu plus sur une dizaine de jour.
    J’ai pour le moment encore quelques questionnement sur la surproduction animale et le traitement fait aux animaux et cela aussi influe sur ma consommation.

    Je t’ai envoyé un mail récemment.
    Je t’embrasse

    1. Anna POTTER

      Merci pour ton commentaire Hanane. Je comprends largement ton questionnement sur la surproduction animale et le traitement fait aux animaux. Je t’invite à découvrir l’association bleu blanc coeur, je suis sure que tu y trouveras des réponses et des notions tout à fait intéressantes.
      à bientôt

  3. Elisabeth

    Bonjour,

    Je pense qu’aujourd’hui il est tres difficile de se nourrir correctement une fois les « médias » ou plutot la société nous dit ne mangez plus de viande rouge ensuite c’est le poulet, le porc et après c’est le tour des fruits et légumes. Après on nous dit dans consommer 7/JOURS. Ensuite non surtout pas faute aux pesticides. Ensuite bannir le pains blanc. Personnellement j’ai du mal. Un croissant je vais grossir.
    Je me perds je ne sais vraiment plus quoi manger. Alors j’ai décidé de ne jamais manger de plats cuisinés, et pour le reste manger de tout raisonablement sans excès et varier au maximum.

    1. Anna POTTER

      c’est un commentaire très intéressant et intelligent. Je pense que vous avez trouvé la clé. Il vous faudra simplement envisager de vous référer à un micronutritionniste si votre état de santé n’est plus optimal pour telle ou telle raison mais jusqu’alors continuez dans votre démarche. à bientôt

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