Estime de soi et TCA : la mienne est-elle suffisante ?

Si le sujet de l’estime de soi vous intéresse, je vous recommande très fortement les ouvrages du Dr Christophe André  » Imparfaits, libres et heureux, pratique de l’estime de soi » ,  » l’estime de soi » co-écrit avec le Dr Francois Lelord.

L’estime de soi est le regard et le jugement que l’on a sur nous même, les pensées, les émotions et les actions qu’ils induisent et ce en lien avec le regard des autres. L’estime de soi dépend en grande partie de la reconnaissance sociale.

L’estime de soi n’est pas se sur-évaluer, ce sentiment d’être au-dessus des autres (ce que l’on appellerait narcissisme) mais ce n’est pas non plus se sous-évaluer, se dévaloriser et ne pas être capable de se reconnaître ses qualités tant nous sommes sous l’emprise et intoxiqué par notre critique intérieur (attitude pouvant aller jusqu’à une certaine forme de masochisme), ce n’est pas non plus avoir peur de l’échec car on s’identifie à ce dernier et que l’on a peur que l’on nous juge uniquement sur celui-ci.

L’estime de soi est déterminée par 3 facteurs pendant l’enfance : 

  • l’amour inconditionnel de nos parents, peu importe nos succès et nos échecs construit un socle très important à la construction de l’estime de soi
  • l’éducation inculquée par nos parents, leur manière de valoriser nos succès mais aussi d’être compréhensifs lorsque nous avons échoué
  • le comportement même de nos parents, l’importance qu’ils donnaient à l’opinion de leur entourage, à leur image sociale

Dans les troubles de l’estime de soi, on retrouve une hyper-exigence envers soi-même, on propose alors à chacun de se comporter en vers soi-même comme si l’on était son propre ami : ne pas chercher à s’adorer, à s’aduler, mais se respecter sans se mettre toutes ses pressions qui nous sont déjà bien trop imposées par notre société et qui déstabilisent l’estime de soi, nous faisant croire que l’on est quelqu’un de bien si on a un certain statut social, si notre corps correspond à celui des mannequins exposées à la télévision.

C’est ce que le Dr Christophe André, appelle la folie comparative qui nous rend de plus en plus insatisfait de nous et de nos imperfections. 

Pour visionner la vidéo relative à cet article :

 

L’estime soi :

les problèmes de la sous-estime ou de la sur-estime de soi

 

  • Troubles des Conduites Alimentaires et Estime de soi

J’ai décidé d’aborder le thème de l’estime de soi aujourd’hui car en Nutrition Comportementale Individualisée, on attache une importance particulière à cette notion et on retrouve très régulièrement des défauts d’estime de soi chez des patients présentant un surpoids ou une obésité. Un des outils diagnostic que nous utilisons et qui est validé scientifiquement est le questionnaire ESTEAM, il nous permet de mettre en avant une estime de soi insuffisante, déficience pouvant être centrée sur les performances (le sentiment d’efficacité personnelle dépendant de nos succès, nos réussites), les compétences sociales (manifestations d’affection, de sympathie, d’estime de la part d’autrui, mais également la capacité à s’affirmer, à dire non …) et l’apparence (les pensées et jugements que l’on a de son image corporelle). Nous avons donc pour objectif de renforcer l’estime de soi de nos patients, qui peut se trouver amoindrie de part des échecs et/ou des rejets, d’anciennes blessures, des schémas précoces inadaptés créés pendant l’enfance et ce non seulement pour améliorer leur rapport à leur alimentation mais plus largement leur rapport au monde.

En effet, les troubles de l’estime de soi sont fortement corrélés aux TCA (Troubles des Conduites Alimentaires):  » il y a des boulimies de soi-même, des inflations de l’ego où l’on se remplit de soi, puis où l’on se vomit ; il y a souvent, ensuite, des anorexies de soi, où l’on se réfugie dans l’ascèse et la privation, où l’on croit se grandir et se renforcer en s’ignorant et en se maltraitant ». Je cite ici un passage du livre   » Imparfait, libre et heureux » de Christophe André que je vous recommande vivement.

Une estime de soi instable peut être un des facteurs bloquant votre perte de poids et à l’origine d’éventuels troubles des conduites alimentaires eux même à l’origine de vos problèmes de poids.

 

 

  • Les critères de l’estime de soi selon le Dr Christophe André

Voici selon le Dr Christophe André, les caractéristiques d’une estime de soi satisfaisante. Je vous invite donc à répondre à chacune de ses affirmations par OUI ou par NON afin d’avoir une idée de votre niveau d’estime de vous même :

1- je dis ce que je pense

2- je fais ce que je veux

3- J’insiste lorsque je me heurte à une difficulté

4- Je n’ai pas honte de renoncer

5- Je ne me fais pas avoir par la publicité, par les modes, qui veulent me faire croire que l’on n’est quelqu’un de bien que si l’on porte telle ou telle marque, ou que si l’on pense de telle ou telle façon

6- Je ris de bon coeur si l’on me chambre gentiment

7- Je sais que je peux survivre à mes échecs

8- J’ose dire « non » ou « stop »

9- J’ose dire « je ne sais pas »

10- Je suis mon chemin même si je suis seule

11- Je me donne le droit d’être heureuse

12- Je me sens digne d’être aimée

13- Je supporte de ne plus être aimée même si ça me rend malheureuse sur le moment

14- Je me sens tranquille avec moi-même

15- Je peux dire « j’ai peur » ou « je suis malheureux » sans me sentir rabaissé

16- Je suis capable d’aimer quelqu’un sans le surveiller ou l’étouffer

17- Je fais de mon mieux pour réussir ce que je veux réussir, mais sans me mettre la pression

18- Je me donne le droit de décevoir ou de rater

19- J’arrive à demander de l’aide sans me sentir pour autant inférieur

20- Lorsque je ne suis pas content de moi, je ne me rabaisse pas ni ne me fais du mal

21- Je ne me sens pas envieux de la réussite et/ou du bonheur des autres

22-Je sais que je peux survivre à mes malheurs

23- Je me donne le droit de changer d’avis après réflexion

24- J’arrive à faire preuve d’humour sur moi-même

25- J’arrive à dire ce que j’ai à dire même si j’ai le trac

26- J’arrive à tirer des leçons de mes erreurs

27- J’arrive à me mettre en maillot de bain même si mon corps n’est pas parfait

28- Je me sens en règle avec les blessures de mon passé

29- Je n’ai pas peur de l’avenir

30- Je trouve que je suis quelqu’un de bien avec mes qualités et mes défauts

31- Je sens que je progresse et que je tire des leçons de la vie

32- Je m’accepte tel que je suis aujourd’hui sans pour autant renoncer à changer demain

33- J’arrive à penser à autre chose qu’à moi

Pour résumer ces 33 items, il y a 6 dimensions à l’estime de soi :

  • la hauteur
    • J’ai une haute estime de moi si je suis capable de m’auto-complimenter, d’accueillir les compliments d’un tiers à mon égard, d’ajuster mes objectifs à mes compétences, à persévérer devant la difficulté mais ne pas hésiter à renoncer sans me sentir humiliée ni chercher à me justifier
  • la stabilité
    • J’ai une estime de moi stable, lorsque je suis capable d’accueillir mes succès comme mes échecs, les compliments comme les critiques sans hyper-réactivité.
  • l’harmonie
    • J’ai une estime de moi harmonieuse, lorsque je la cultive dans plusieurs domaines et que je ne me surinvestie pas dans un seul et unique domaine afin qu’en cas d’échec, il puisse y avoir une réparation croisée. Je ne suis pas uniquement intéressé par mon apparence physique ou par ma vie professionnelle.
  • l’autonomie
    • J’ai une estime de moi autonome lorsque les facteurs dont elle dépend sont intrinsèques (les valeurs que je me suis fixée comme l’altruisme, la bienveillance, l’empathie) et non pas extrinsèques fixés par notre société (je dois avoir une rolex avant mes 30 ans sinon je ne serai pas estimé les autres)
  • place centrale et importance des questions liées à l’estime de soi 
    • J’ai une estime de moi sans excès, à son juste niveau, lorsque je n’ai pas besoin en permanence de rechercher la reconnaissance de l’autre, lorsque j’ai la capacité de digérer mes échecs, lorsque je suis capable de poursuivre des objectifs qui ne m’apporteront pas de reconnaissance sociale, lorsque que je ne place pas l’estime de moi au centre de mes préoccupations et de mes efforts.
  • le coût psychologique
    • j’ai une estime de moi économe lorsque je me montre ouvert aux critiques et non pas en permanente recherche de justification ou d’évitement

 

Dans son ouvrage co-écrit avec le Dr Lelord, le Dr Christophe André propose un questionnaire beaucoup plus court et simplifié, je vous invite à le découvrir.

 

  • La juste estime de soi

Le Dr Christophe André nous met en garde de ne pas confondre estime de soi et obsession du soi, piège dans lequel on tombe lorsque l’on se laisse envahir par les 3 grands fléaux de notre société actuelle

  • la performance : certes il est normal de vouloir réussir mais pas d’être en compétition permanente à ne plus en dormir la nuit
  • l’apparence : certes il est normal et agréable de se sentir bien dans son corps mais pas au point de vouer un culte absolu à son corps et de passer des dizaines d’heures à la salle de sport ou encore à se rendre malade à l’apparition de son premier cheveu blanc
  • l’abondance : certes il est normal de rechercher à assouvir ses besoins fondamentaux : avoir un toit, de quoi se nourrir et se vêtir, mais pas d’être dans la surconsommation, le cumul de biens matériels, d’être envahie d’une fièvre acheteuse

L’estime de soi varie de manière normale mais peut parfois osciller de manière violente biaisée par de nombreuses attitudes sources d’erreurs comme les comparaisons sociales excessives, une hyper exigence envers soi-même, une dévalorisation de son opinion personnelle face à la pensée collective … ce qui fait que certaines personnes riches de qualité se sous-estiment alors que d’autres n’hésitent pas à se sur-estimer.

Dans les 2 cas, se pose le problème de la juste estime de soi qui se positionne entre la basse estime de soi où l’on mène une  vie sans saveur et où l’on finit par éprouver une certaine amertume de voir les autres se distinguer et la haute estime de soi fragile où l’on passe son temps et son énergie à promouvoir son estime de soi, à jalouser, à dévaloriser les autres, on se construit un « super-moi » et finalement on se ment à soi-même. Cette haute estime de soi fragile est à distinguer de la vraie haute estime de soi stable, sereine et authentique.

La juste estime de soi c’est finalement l’humilité, faire preuve d’humilité, ce n’est ni se trouver supérieur, ni se trouver inférieur aux autres, mais se sentir égal aux autres, ne pas avoir besoin de se rabaisser ou de rabaisser les autres pour se sentir exister et trouver sa place dans la société.

Enfin, le narcissisme est une hypertrophie de l’estime de soi, les personnalités narcissiques sont persuadées d’être supérieures aux autres et leur fréquentation est souvent fort peu agréable.

Le but du retour à la juste estime de soi n’est pas d’être un « moi différent » mais d’être moi mais en mieux, plus audacieux, plus serein, moins sensible au regard des autres tout en tenant compte de son terrain car il doit y avoir une écologie de l’estime de soi.
Le devenir de l’estime de soi c’est de se faire oublier, s’estimer comme on respire, afin de s’oublier pour se tourner vers la vie et les autres.

 

 

Alors, sauriez-vous évaluer votre « estime de soi » et celui des personnes qui vous entourent ?

à votre santé

Anna POTTER

 

Anne Lucas

Docteur en Pharmacie, Expert en Micronutrition et en Psychonutrition DU Conseils en Nutrition Micronutrition (Université de DIJON), DU Nutraceutiques (Université de DIJON), DU psychologie et pédagogie des comportements alimentaires (2016-2017) DU Biomarqueurs Santé Nutrition (2016-2017) Membre de l'IEDM, du CMNC, de l'IESV Membre de l'association Bleu Blanc Coeur

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